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✅CASTEX Thomas. L'Armée Romaine - Exposé [En ligne]. Disponible sur <www.armeeromaine.com>
Conquérir des territoires ne peut se résumer à gagner des batailles rangées. Pour mettre la main sur une région, il faut en contrôler son cœur économique et politique, à savoir ses villes "urbes" . Ayant compris cela, les villes se protègent, des dispositifs de défense sont édifiés (murailles, oppidum, fossés), des ripostes élaborées.
Mais dans le camp ennemi des tactiques de siège se perfectionnent afin de mettre à mal ces systèmes défensifs. Nous allons le voir dans cet exposé.
Faire le siège d'une place forte ou "oppidum" consiste à isoler le défenseur de tout échappatoire possible : le coupant d'un chemin de fuite, l'empêchant de pouvoir être ravitaillé par quelque soutien pour l'affamer et l'obliger à se rendre s'il ne veut mourir. Le siège est une bataille d'usure qui peut durer des mois suivant les ressources du défenseur.
Le défenseur peut tenter une sortie en force en engageant le combat : il peut gagner ou perdre.
L'attaquant peut lancer l'assaut au moment opportun mais il peut aussi attendre, attendre... si l'ennemi retranché dans l'oppidum est encore trop redoutable. Mais il s'expose alors au risque de voir déferler une armée de soutien non pas pour lui mais pour les assiégés. Il pourrait alors se retrouver pris en tenaille entre ces deux armées. César vécu d'ailleurs cette situation alors qu'il assiégeait les troupes de Vercingétorix à Gergovie, et dut battre en retraite. Tirant leçon de cette histoire, il décida pour ses prochains sièges de se protéger de cette possibilité en faisant construire deux lignes de fortification. Désormais, une palissade pointerait vers l'oppidum assiégé, la contrevallation, la deuxième vers les contrés extérieures alentours. Les légions, disposées entre ces deux fortifications, peuvent ainsi parer à toute attaque et attendre la reddition adverse, la fin du siège.
"César [...] creusa un fossé de vingt pieds de large (env. 6m.).[...] Il mit entre ce fossé et toutes les autres fortifications une distance de quatre cents pieds. [...] Il creusa deux fossés larges de quinze pieds et chacun de profondeur égale; il remplit le fossé intérieur d'eau qu'il dériva de la rivière. Derrière ces fossés, il construisit un terrassement surmonté d'une palissade. [...] Il compléta celui-ci par un parapet et des créneaux et disposa, à la jonction de la terrasse et de la paroi de protection, de grandes pièces de bois fourchues qui, pointées vers l'ennemi, devaient leur rendre l'escalade plus malaisée; il éleva sur toute la périphérie de l'ouvrage des tours [...] Puis on ouvrit des fossés continus [...]. On y enfonça des pieux en y laissant dépasser que leurs rameaux. [...] Le reste était recouvert de ronces et de broussailles, afin de cacher le piège."
N.B: Et oui, César parle de lui à la 3ème personne!
CESAR, Guerre des Gaules, LIVRE VII, §72.
Reconstitution d'une enceinte de siège romaine : archéodrome de Bourgogne.
Reconstitution numérique d'une partie des fortifications romaines du siège d'Alésia d'après les travaux de l'archéologue M. Reddé. Image de synthèse réalisée en 2003 (voir Site Web de l'Oppidum d'Alésia )
Une fois le siège terminé, la ville était prise. Trois sorts pouvaient l’attendre : soit elle était pillée et sa population décimée; soit elle était réduite à l’esclavage ou enfin elle était occupée (quand sa culture n’était pas trop éloignée de celle de Rome). La ville intégrée à l’empire romain devait fournir des auxiliaires, ces unités typiques de chaque région (phalange en Grèce, éléphant de combat en Afrique du Nord, archers crétois en Crète…). Les villes conquises avaient le droit de garder leurs cultures y compris leur religion, les romains réduisaient ainsi le risque de voir éclater une révolte.